Pierrejean Gaucher
Photo Pierrejean Gaucher
D’abord passionné par le dessin, PJ. Gaucher n’aborde la guitare qu’à 16 ans.

Après le bac, il se consacre entièrement à la musique et étudie quelques mois (en 1981) à la Berklee school de Boston.
De retour en France, il se consacre à son groupe Abus Dangereux.
Devenu Abus tout court en 1986, cette formation phare de la scène française a totalisé 8 albums et plus de 400 concerts en France et à l’étranger (Europe, Amérique du Sud, Afrique...)

Beaucoup d’illustres musiciens ont croisé la route de ce groupe : Randy Brecker, Robert Thomas Jr, Bobby Rangell, Stéphane Belmondo, Olivier Hutman, Etienne MBappé, Benoît Moerlen.
Il enregistre également pour divers artistes (avec notamment la rythmique de Uzeb)

Se consacrant beaucoup à l’écriture pour Abus et diverses commandes (théâtre, musique contemporaine, ballets) il compose en 1987, le premier générique TV de l’émission Jazz 6.

En 1992, il crée le New Trio avec le batteur André Charlier et le bassiste Daniel Yvinec.
Leurs deux albums seront salués par toute la presse musicale comme l’une des démarches les plus originales du moment.
En 1994, à la demande de festivals français, le New Trio devient un quintet qui rend hommage à Frank Zappa disparu un an plus tôt.
Ce projet intitulé Zappe Zappa a rassemblé un public qui débordait largement le monde du jazz.
Deux CD "live" de cette formation sont sortis en 1998 et 2002.

En 2000, il met sur pied un nouveau quartet : le Phileas Band.

L'année 2002 voit aussi la naissance d'un duo avec le guitariste Christophe Godin (2G).

En 2005, il inaugure (CD et concerts) sa nouvelle aventure musicale consacrée aux fables de la Fontaine.

Tout en travaillant de plus en plus le rapport entre musique et littérature (duo avec Frédérique Bruyas), il fait ses premiers concerts en solo en 2007 et remonte un trio avec violoncelle et batterie en 2009 avec un premier CD : "Melody makers".
Le second opus de ce trio parait au printemps 2012.
 
Photo Pierrejean Gaucher
Le Trio au complet : Pierrejean Gaucher (guitare), Cédric Affre (batterie), Clément Petit (violoncelle)
 
Spécialiste de l'informatique musicale (Protools) avec un goût prononcé pour la production, il est aussi très actif dans le domaine pédagogique.

Après avoir longtemps écrit pour diverses revues (Jazz-Hot, Guitar & Bass, Jazzmag, Musiq...), il a été responsable du département guitare au Centre des musiques Didier Lockwood (CMDL) de 2000 à 2008, tout en intervenant régulièrement au M.A.I de Nancy.

Il est l'auteur de diverses vidéos dont une sur l’improvisation, ainsi qu'un ouvrage sur les intervalles et les triades.

En 1999, il collabore à un livre sur le rythme avec le pianiste Daniel Goyone.

En 2004, il finalise l'ouvrage "Guitaristes" qui regroupe plusieurs guitaristes, parmi les meilleurs en France.
 Quelle pédale d'effet as-tu eu ou découvert en tout premier ?
Mon Dieu, c'était il y a plus de 35 ans !  
Et j'avoue avoir du mal à m'en souvenir. Mais en fouillant le disque dur de ma mémoire, je pense que le premier effet qui m'a été "imposé" était la fonction Trémolo sur mon premier ampli Novanex.
Je ne comprenais pas trop à quoi ça servait et ne l'ai jamais utilisé !
Concernant les premières pédales, j'ai le souvenir du Small Tone (Phaser) Electro-harmonix, sûrement une Fuzz dont j'ai oublié le nom...
Ma première grosse (et chère !) pédale fut une Echo chez Morley. 
Ont suivi divers effets "spatiaux" genre Electric Mistress (Flanger)  - Il faut dire qu'à cette époque (70-80) peu d'amplis incorporaient d'office la Reverb.
En tous cas, j'utilisais très peu de Disto ou Fuzz à mes débuts.
Je me rappelle quand même avoir acheté pas mal de pédales différentes à cette époque, (je pense avoir quasiment eu tous les effets sous les pieds :-) mais plus comme un gamin qui se lâche dans une boulangerie, sans jamais vraiment chercher à aller à fond pour chacune d'elles.
Schéma Pierrejean Gaucher

 La chaîne du bout des pieds
Photo Pedalboard Pierrejean Gaucher
Photo Pedalboard Pierrejean Gaucher
Juin 2013 (Photo © La Chaîne Guitare)

D'abord la Volume Ernie Ball, puis Boss OC-3
(ou Moog quand je le sors :-),
OCD Fulltone, MI Audio Blue Boy,
Lex Strymon, Tremolo Empress,
Memory Man, T Rex Reptile, Reverb Neunaber
et vers les amplis.
Le "bas" de l'OC-3 Boss part direct dans la sono via une DI.
le Jamman et EV-5 ne sont pas dans le circuit
et servent juste à envoyer quelques petites loop ou sons d'appoint.
Le "P-split Lehle" à droite du Lex (photo) est une boite magique
qui gomme tous les buzz dûs au bouclages de masse
entre pédales et DI.

Guitares
Willow's "Tele P90",
2 micros Seymour Duncan P90 Soapbar,
(Ma principale guitare de scène actuellement),
Warmoth "Tele Phat Cat",
micros Seymour Duncan Phat Cat (type P90),
(C'est la guitare qui est utilisée sur "Mélody Makers"),
Danelectro "Baryton",
accordée une quinte plus bas (en La),
( Je l'utilise pas mal sur le disque "la fontaine"),
Martin "000-15",
ma seule guitare acoustique à la maison,
(Je l'utilise dans tous les doublages d'électriques sur "Melody Makers"),
Godin "Multiac nylon",
capteur piézo + Midi,
(Je l'utilise sur quasiment tous mes albums depuis les années 90),
Godin "Telebaggs",
capteurs piézo LR Baggs,
(Cette guitare a une couleur unique, différente des Ovation, Takamine...),
Kit Strat "Fretless",
Corps strat ESP en aulne, vibrato flottant,
3 micros Seymour Duncan (1 "59", 1 "Holdsworth" et 1 simple strat),
sélecteur 5 positions, préamplli "Lag" actif, capteur Midi GK2 intégré,
(J'ai récemment décidé de lui donner une seconde jeunesse en la faisant défretter par Jean Wellers. Un nouvel univers à maitriser !),
Stagg "Jazz Bass",
(Juste un outil pour maquetter à la maison)...

Photo Pedalboard Pierrejean Gaucher

Amplis
Réglages de base sur combo à lampes Koch Studiotone 20 watts,
puis doublage stéréo, avec un autre Koch
ou amplis dispos sur scène en backline,
souvent Fender Hot Rod ou Blues Deluxe.
 Comment s'est nourrie ta "culture
  de l'effet" ?
De fait, je pense n'avoir jamais vraiment été un vrai guitariste à effets, en tous cas pendant longtemps.
En revanche, j'ai très vite été branché par la guitare synthé que j'ai pratiqué dès la fin des années 80 (systèmes Roland GM70 et GR1). Comme dans ma tète à l'époque, je me considérais plus "compositeur" que "guitariste" avec  mon groupe d'alors (Abus Dangereux), je voyais plus cet outil comme un moyen d'étoffer le son du groupe plutôt que de chercher "mon son" de guitare.
Aussi, passionné par l'univers de la MAO dès les années 80, j'ai vite acheté les premiers effets numériques "abordables" (Microverb et Quadraverb Alesis, Rocktron Intellifex, Diditech…) que j'ai utilisé sur scène jusqu'aux années 2000.
Ensuite, le multi-effet ultime a été pour moi le G-Force de TC.
Il a été la base  de mon son pendant plus de 10 ans et ne le revendrai jamais même s'il est dans une armoire pour l'instant. 
L'un des sons les plus personnels que j'en ai tiré je pense, se trouve sur quelques solos de mes disques des années 2000.
Cela consistait à épaissir le son de guitare en le doublant à l'octave avec plusieurs voix d'Harmoniser. 
Un peu (mais quand même différent) l'esprit du son de guitar-synthé de Metheny dans Travels. 
Pour autant,  même dans ma période "rack" j'ai toujours eu au pied au moins 1  ou 2 pédales dont j'estimais qu'elle n'avait pas l'équivalent en numérique, comme par exemple la Ring Modulator de Moog  que j'ai dépuis près de 20 ans !  (mais que je ne sors plus que rarement vu sa place dans ma valise :-)
En revanche, je n'ai jamais été tenté par les couteaux suisses au pied genre Boss GT ou Zoom, même en  système de base pour voyager léger :-)
On peut trouver assez facilement sur Youtube diverses vidéos de concerts où l'on peut entendre l'utilisation que j'ai de ces divers effets dont je parle ci dessus
...
 Collectionneur, curieux, moderne ou
  tout à la fois ?
Je n'ai jamais été un "collectionneur" même pour les guitares, et si j'en ai toujours eu entre 5 et 10 chez moi, c'est parce que chacune à une spécificité (électrique, solid body, à caisse, acoustique, électro-acoustique, baryton…).
En revanche, ayant plutôt débranché des racks ces dernières années, je deviens plus curieux avec  l'âge de tout ce qui est maintenant disponible en pédales d'effets.
J'aime particulièrement chiner sur les vidéos,  comme celles du site "Proguitarshop" pour y découvrir de nouvelles choses.
Moderne ? En partie car si j'ai tendance au revival aujourd'hui, même dans ma musique, j'aime les systèmes clean et propres. Donc peu enclin à racheter de vieilles pédales où le bruit de fond ou buzz font parfois partie intégrante de l'effet :-)
 Dernière pédale d'effets achetée ?
Curieusement et après avoir arrèté de m'en servir pendant presque 30 ans, je crois que c'est une pédale volume Morley JR.
D'abord achetée pour mieux gérer les niveaux de certaines parties sur scène, j'ai repris assez vite le réflexe de faire assez souvent du "violoning" sur certaines phrases mélodiques dans mes solos.
Sinon, aussi la Lex de Strymon (effet Leslie). Une marque qui me séduit de plus en plus.
 Prochain effet convoité ?
Je ne sais pas trop au moment où j'écris ces lignes...
Ce qui est sur, c'est que j'adapte souvent mon système (et mes achats) au répertoire que je dois servir à un moment donné.
Par exemple, le trio "Melody Makers" n'ayant pas de bassiste (mais un violoncelle), la présence du OC-3 Octaver Boss est vitale pour moi en début de chaine, afin de parfois "gonfler" dans le bas mes cordes mi et la grave (mais le grave ainsi généré va directement sur une  DI Box sans passer par mes amplis)
 L'effet que tu n'auras jamais au bout
 des pieds ?
Ne jamais dire jamais, mais ça m'étonnerait que j'utilise un jour la Talking box rendu célèbre par  Peter Frampton :-)
Aussi, je n'ai jamais trop couru après la Whammy, sauf pour quelques effets "humoristiques" à l'époque du duo 2G avec Christophe Godin (je faisais ça alors avec une pédale d'expression reliée au G-Force).
Encore une fois, c'est souvent l'esprit du répertoire qui pour moi peut justifier certains effets ou non
 Quel artiste ou groupe conseilles-tu
  pour découvrir  la bonne utilisation
  des effets ?
L'histoire regorge de guitaristes ayant bati leur signature sonore avec tel ou tel effets. Je pense bien sûr à  J.Hendrix, R.Fripp, D.Gilmour, S.Vai, T.Morello et pas mal d'autres que j'oublie... (mais c'est clair pas trop de jazzmen,  du moins chez les anciens :-)
 Quel guitariste est selon toi le parfait
  utilisateur des pédales d'effets ?
Je ne peux pas en dégager un  précisement mais en revanche, l'un des guitaristes d'aujourd'hui qui me semble l'un des plus curieux et novateur pour ce qui consiste à transformer en expression musicale le moindre boitier, c'est Oz Noy. 
On trouve sur le net des vidéos de lui vraiment intéressantes où il décrit tout son travail autour de ça. 
Mais finalement, je pense faire partie de ceux qui pensent que la meilleure pédale d'effets du monde c'est... les doigts !
De fait, écouter encore et encore Jeff Beck, Bill Frisell, Alan Holdsworth…
 Quelle chanson illustre pour toi
  la meilleure utilisation d'effets ?
Rien en tète pour l'instant désolé :-)
Je posterai un update si ça me vient !
 L'effet conditionne-t-il ta façon de composer ou au contraire, vient-il en second plan ?
C'est très rare qu'il intervienne dans le processus de composition car 9 fois sur 10, je compose mes thèmes à la voix avec une acoustique dans les mains.
J'ai cette culture assez pop qui consiste à estimer qu'une compo (chanson ou instru) doit d'abord sonner "unplugged" sans aucun artifice :-)
En revanche, vient le moment où l'adaptant à mon groupe, je cherche bien sûr l'effet éventuel qui pourra donner encore plus de force à la partie de guitare.
Par exemple, dans le dernier album "Mélody Makers 2", le Trémolo Empress sert de base à 2-3 titres en imposant le groove avec le tap tempo.
Dans le précédent, mon intro solo de "Kashmir" était entièrement basée sur le mode reverse du Memory Man d'Electro-Harmonix (tu as remarqué, je reviens beaucoup à cette marque après avoir commencé avec :-)
 Une anecdote sur une de tes pédales d'effets ?
Désolé, je ne vois pas :-)
 Ton pire souvenir avec un effet ?
N'importe lequel quand il te lâche sur scène au moment où tu appuies dessus !
Cela m'est arrivé un peu trop souvent cette dernière tournée notamment à cause de curieux problèmes d'alim.
Aussi, le fait de m'être presque cassé la gueule récemment en tentant de jongler sur mon pédalier avec mes pieds.
En fait, j'ai un souci à régler dans les temps à venir avec mes pédales : je ne regrette pas d'avoir revendu mes racks d'effets (je garderai néanmoins toujours sous le coude mon G-Force TC ! ) car je préfère aujourd'hui le son plus chaud et organique que j'utilise à travers mes diverses pédales.
En revanche, je n'ai pas encore retrouvé sur scène le confort érgonomique que me procuraient avant mes présets gérés par un contrôleur type FC Roland.
Alors oui, je sais qu'il y a des gens capables de bien "customiser" un pédalier pour le rendre plus pratique mais si c'est pour se retrouver avec quelque chose d'aussi lourd à transporter que les racks d'antan, alors ça ne m'interesse pas trop  :-)
Les espaces bagages deviennent de plus en plus réduits dans les TGV, sans parler du surcoût bagages en avion !
 Le petit truc sympa qui fait plaisir...
Avoir découvert il y a quelques années que des "pédales d'effets" vraiment originales pouvaient ne rien coûter !
Comme par exemple insérer dans les cordes une petite languette de carton au niveau du chevalet.
En temps normal, c'est déjà un son étouffé sympa, mais avec l'Harmo du G-Force, j'en faisais un vrai son de Steel Drum à s'y méprendre les yeux fermés :-)
Photo Pierrejean Gaucher
 L'effet "ultime" dont tu ne te passeras jamais, pour toi c'est ... ???
J'ai beaucoup de mal à jouer sans un minimum de "spatialisation" (Reverb, voire Delay). Le son brut qui sort d'un HP ne m'a jamais particulièrement séduit, ou alors sous les doigts d'un vrai bluesman :-)
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